« – L’esprit sort-il du corps pendant le sommeil ?
Oui, mais il reste une connexion qui lui permet de revenir. C’est la nature de cette connexion qui est intéressante. Le corps est une structure somato-symbolique.
Il y a des interactions entre l’esprit et le corps pendant le sommeil. Par exemple, la position du corps est extrêmement importante, très puissante lorsque l’on sait l’utiliser. Le comprendre permet à l’esprit de revenir exactement dans la position d’où il est parti. Si tu rentres mal dans ton corps, tu peux avoir des torticolis, des maux de tête etc., des problèmes physiques qui s’accentuent au fur-et-à-mesure.
En tant que praticien il faut avoir conscience de cela, comprendre ce qu’est la synchronisation des positions réel-réalité. Cette synchronisation détermine la façon dont tu évolues presque davantage que ce que tu fais dans la réalité. Il y a des positions qui conviennent pour un combat, d’autres pour voyager dans d’autres mondes… Lorsque tu reviens dans ton corps dans certaines positions, tu seras plus raide ou plus agile, plus faible ou plus fort, plus pointu ou plus affable… Il y a une infinité de combinaisons dans la dynamique du rêve. L’esprit est connecté « au corps par la conscience primitive, et on peut comparer les entrées – sorties à des mouvements de yoyo dont l’ampleur dépend de la combinaison des positions du corps.
Inutile de répertorier toutes les positions car elles se prennent naturellement et automatiquement. Il faut simplement « faire attention à sa position lorsque l’on s’endort, la position que l’on prend est plus importante que ce que l’on peut imaginer.
Il est une position qui permet de prendre conscience des autres positions : la position sur le dos avec la jambe droite repliée au niveau du genou gauche, permet de résister plus longtemps dans le temps de l’esprit. Il s’agit d’une boucle énergétique qui favorise la présence de l’esprit dans le corps. Cela renforce le lien entre le corps et l’esprit lorsque le rêve se déploie.
– Il est difficile de conserver la même position toute la nuit.
Ton corps va bouger et il va prendre une position qui lui convient ici et ailleurs. Mais quand tu prends une position comme celle-ci, il peut rester ainsi plus longtemps parce qu’il est uniquement alimenté par l’énergie de l’esprit. Le corps a alors tendance à moins bouger. Le corps ne dort jamais. Quand tu te retournes tout le temps c’est que le corps n’a rien à faire, il s’ennuie parce qu’il n’a pas de rétroaction de ce qui se passe ailleurs.
Le corps est éveillé tout le temps, il doit se reposer mais le sommeil a une fonction spécifique dans l’organisation de la mémoire et plus globalement dans la compensation psychique entre l’expérience et le symbolisme. La partie archaïque de la psyché ne dort jamais. La partie cognitive a besoin de lumière pour fonctionner. C’est un système passif qui fonctionne avec de l’énergie d’origine extérieure au système. Quand il y en a suffisamment, le système se met en route, quand il n’y en a pas assez, il se met en sommeil.
Cela ne veut pas dire que le corps dort, seules les fonctions évolutives entrent en mode paradoxal. Lorsque le corps s’ennuie il tourne de droite à gauche. Même la rotation a un sens. Lorsqu’il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, tu cherches à retourner dans le passé et quand tu tournes dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, tu cherches à aller dans le futur. Oui, cela fonctionne en miroir ! Cela peut devenir un outil très pratique lorsque le complexe de Janus est formulé correctement.
Le corps physique est complètement structuré par le symbolique. Tout ce qu’il fait est symbolique, mais il ne le sait pas. Il y a une partie de lui qui sait, mais elle ne peut pas s’exprimer, il passe donc par des instances comme le corps narcissique qui servent à communiquer avec le reste de la psyché. Ces instances sont des interprètes, des médiateurs, elles ne savent pas ce qui va être dit mais, avec l’apprentissage du langage, elles sont capables de communiquer entre elles. Les choses que tu crois savoir sont des ré-interprétations de quelque chose de beaucoup plus profond et de plus complexe, en même temps plus simple. C’est complexe à exprimer mais c’est simple dans son fonctionnement.»